Sa conversion au christianisme permit à Disraeli d'envisager une carrière en politique. La société britannique du début du xixe siècle n'était pas particulièrement antisémite et plusieurs juifs avaient été députés depuis Sampson Eardley en 1770. Cependant, jusqu'en 1858, les députés devaient prêter un serment d'allégeance à la « véritable foi chrétienne » ce qui imposait au minimum une conversion de forme17. On ne sait pas si Disraeli avait déjà des ambitions politiques au moment de son baptême mais il est certain qu'il regretta amèrement la décision de ses parents de ne pas l'envoyer au Winchester College18. Il s'agissait de l'une des plus prestigieuses public schools d'Angleterre qui formait une partie de l'élite politique19. Ses deux frères cadets y furent scolarisés et on ignore précisément pourquoi Isaac décida d'envoyer son fils aîné dans une institution bien moins cotée20. Il intégra ainsi une école de Walthamstow à l'automne
En novembre 1821, peu avant son 17e anniversaire, Disraeli fut embauché comme apprenti dans un cabinet d'avocat de la cité de Londres21. L'un de ses directeurs, T. F. Maples était non seulement son premier employeur et un ami de son père mais il faillit également devenir son beau-père22,23. Une amitié se développa entre Benjamin et la fille de Maples mais cela n'alla pas plus loin. Les affaires du cabinet étaient fructueuses et le biographe R. W. Davis note que le travail était « le type de fonction stable et respectable dont beaucoup de pères rêvaient pour leurs enfants21 ». Même si ses biographes comme Robert Blake et Sarah Bradford avancent que ce poste était incompatible avec la nature ambitieuse et romantique de Disraeli, il donna satisfaction à ses employeurs et indiqua par la suite qu'il avait beaucoup appris en travaillant dans le cabinet24,23.
Environ un an après avoir rejoint le cabinet de Maples, Benjamin changea son nom de D'Israeli à Disraeli. Ses raisons sont inconnues mais son biographe Bernard Glassman suggère que cela était destiné à éviter toute confusion avec son père25. Les frères et sœurs de Disraeli adoptèrent cette nouvelle version tandis que leurs parents conservèrent l'ancienne25,n 4.
Disraeli visita la Belgique et la vallée du Rhin avec son père à l'été 1824 ; il écrivit plus tard que ce fut le long du Rhin qu'il décida de démissionner29. À son retour en Angleterre, il quitta le cabinet pour, sur les conseils de Maples, devenir barrister. Il s'inscrivit au Lincoln's Inn et rejoignit le cabinet de son oncle, Nathaniel Basevy, puis celui de Benjamin Austen, qui persuada Isaac que Disraeli ne réussirait pas dans cette voie et qu'il devrait être autorisé à mener une carrière littéraire30. Il avait en effet déjà soumis un manuscrit à un ami de son père, l'éditeur John Murray, mais l'avait retiré avant que ce dernier n'ait décidé de le publier ou non31. Après avoir quitté le droit, Disraeli écrivit quelques textes pour Murray mais se concentra sur des activités de spéculation à la bourse32.
En raison de la fin de la domination espagnole en Amérique du Sud, les compagnies minières étaient en pleine expansion et émettaient de nombreuses actions. Sans fonds propres, Disraeli emprunta de l'argent pour investir. Il se rapprocha du financier John Diston Powles qui était l'un de ceux encourageant le boom minier. Durant l'année 1824, Disraeli rédigea trois pamphlets anonymes faisant la promotion des sociétés minières pour le compte de Powles33. Les articles furent publiés par John Murray qui avait beaucoup investi dans le secteur34,32.
Murray avait un temps envisager de créer un nouveau journal du matin pour rivaliser avec The Times35 et en 1825, Disraeli le convainquit de se lancer. La nouvelle publication, The Representative, fit la promotion des compagnies minières et des hommes politiques qui les soutenaient comme George Canning. Disraeli impressionna Murray par son enthousiasme et son engagement dans le projet mais il ne parvint pas à convaincre l'influent écrivain John Gibson Lockhart d'éditer son journal. Après cela, l'influence de Disraeli sur Murray diminua et il fut, à son grand regret, écarté de la rédaction du périodique35. La publication du journal ne dura que six mois en partie du fait de l'éclatement de la bulle spéculative à la fin de l'année 1825 et parce que, selon Blake, il était « atrocement édité » et aurait échoué tôt ou tard36.
L'éclatement de la bulle ruina Disraeli et en juin 1825, ses associés et lui avaient perdu 7 000 £ (environ 574 000 £ de 201115) ; Disraeli ne remboursa complètement sa dette qu'en 184937. Il revint alors à l'écriture pour essayer d'obtenir de l'argent et pour prendre sa revanche sur Murray et ceux qui, selon lui, l'avaient abandonné38. À cette époque, le genre littéraire en vogue était la silver-fork fiction (« fiction de la cuillère en argent ») mettant en scène la vie de l'aristocratie dans des romans généralement rédigés anonymement et destinés aux classes moyennes39,38. En 1826 et 1827, Disraeli publia anonymement les quatre volumes de son premier roman Vivian Grey qui se basait largement sur l'échec du Representative40. Les ventes furent satisfaisantes mais l'œuvre fit scandale dans les cercles littéraires quand l'identité de son auteur fut découverte40. Les nombreux solécismes démontraient que Disraeli, alors âgé de seulement 23 ans, n'évoluait pas dans la haute-société et les critiques furent sévères. De plus, Murray et Lockhart, qui disposaient d'une grande influence dans les cercles littéraires, estimèrent qu'ils avaient été caricaturés et trompés ; ces accusations furent rejetées par l'auteur mais reprises par beaucoup de ses biographes41,42,43,44,45. Dans les éditions ultérieures, Disraeli apporta de nombreuses modifications au texte pour adoucir la satire mais sa réputation en fut longuement ternie37.
Le biographe Jonathan Parry avance que l'échec financier et les critiques à son encontre affectèrent fortement Disraeli et il souffrit d'une grave crise nerveuse pendant près de quatre ans : « Il avait toujours été lunatique, sensible et solitaire par nature, mais il devint alors profondément déprimé et léthargique37 ». Il vivait encore avec ses parents à Londres mais les médecins lui recommandèrent de changer d'air et il occupa plusieurs maisons à la campagne et sur la côte46.
Années 1830[modifier | modifier le code]
Jumat, 17 Januari 2014
frit d'une grave crise nerveuse pendant près de quatre ans : « Il avait toujours été lunatique, sensible et solitaire par nature, mais il devint alors profondément déprimé et léthargique37 ». Il vivait encore avec ses parents à Londres mais les médecins lui recommandèrent de changer d'air et il occupa pl
ment édité » et aurait échoué tôt ou tard36. L'éclatement de la bulle ruina Disraeli et en juin 1825, ses associés et lui avaient perdu 7 000 £ (environ 574 000 £ de 201115) ; Disraeli ne remboursa complètement sa dette qu'en 184937. Il revint alors à l'écriture pour essayer d'obtenir
Sa conversion au christianisme permit à Disraeli d'envisager une carrière en politique. La société britannique du début du xixe siècle n'était pas particulièrement antisémite et plusieurs juifs avaient été députés depuis Sampson Eardley en 1770. Cependant, jusqu'en 1858, les députés devaient prêter un serment d'allégeance à la « véritable foi chrétienne » ce qui imposait au minimum une conversion de forme17. On ne sait pas si Disraeli avait déjà des ambitions politiques au moment de son baptême mais il est certain qu'il regretta amèrement la décision de ses parents de ne pas l'envoyer au Winchester College18. Il s'agissait de l'une des plus prestigieuses public schools d'Angleterre qui formait une partie de l'élite politique19. Ses deux frères cadets y furent scolarisés et on ignore précisément pourquoi Isaac décida d'envoyer son fils aîné dans une institution bien moins cotée20. Il intégra ainsi une école de Walthamstow à l'automne
En novembre 1821, peu avant son 17e anniversaire, Disraeli fut embauché comme apprenti dans un cabinet d'avocat de la cité de Londres21. L'un de ses directeurs, T. F. Maples était non seulement son premier employeur et un ami de son père mais il faillit également devenir son beau-père22,23. Une amitié se développa entre Benjamin et la fille de Maples mais cela n'alla pas plus loin. Les affaires du cabinet étaient fructueuses et le biographe R. W. Davis note que le travail était « le type de fonction stable et respectable dont beaucoup de pères rêvaient pour leurs enfants21 ». Même si ses biographes comme Robert Blake et Sarah Bradford avancent que ce poste était incompatible avec la nature ambitieuse et romantique de Disraeli, il donna satisfaction à ses employeurs et indiqua par la suite qu'il avait beaucoup appris en travaillant dans le cabinet24,23.
Environ un an après avoir rejoint le cabinet de Maples, Benjamin changea son nom de D'Israeli à Disraeli. Ses raisons sont inconnues mais son biographe Bernard Glassman suggère que cela était destiné à éviter toute confusion avec son père25. Les frères et sœurs de Disraeli adoptèrent cette nouvelle version tandis que leurs parents conservèrent l'ancienne25,n 4.
Disraeli visita la Belgique et la vallée du Rhin avec son père à l'été 1824 ; il écrivit plus tard que ce fut le long du Rhin qu'il décida de démissionner29. À son retour en Angleterre, il quitta le cabinet pour, sur les conseils de Maples, devenir barrister. Il s'inscrivit au Lincoln's Inn et rejoignit le cabinet de son oncle, Nathaniel Basevy, puis celui de Benjamin Austen, qui persuada Isaac que Disraeli ne réussirait pas dans cette voie et qu'il devrait être autorisé à mener une carrière littéraire30. Il avait en effet déjà soumis un manuscrit à un ami de son père, l'éditeur John Murray, mais l'avait retiré avant que ce dernier n'ait décidé de le publier ou non31. Après avoir quitté le droit, Disraeli écrivit quelques textes pour Murray mais se concentra sur des activités de spéculation à la bourse32.
En raison de la fin de la domination espagnole en Amérique du Sud, les compagnies minières étaient en pleine expansion et émettaient de nombreuses actions. Sans fonds propres, Disraeli emprunta de l'argent pour investir. Il se rapprocha du financier John Diston Powles qui était l'un de ceux encourageant le boom minier. Durant l'année 1824, Disraeli rédigea trois pamphlets anonymes faisant la promotion des sociétés minières pour le compte de Powles33. Les articles furent publiés par John Murray qui avait beaucoup investi dans le secteur34,32.
Murray avait un temps envisager de créer un nouveau journal du matin pour rivaliser avec The Times35 et en 1825, Disraeli le convainquit de se lancer. La nouvelle publication, The Representative, fit la promotion des compagnies minières et des hommes politiques qui les soutenaient comme George Canning. Disraeli impressionna Murray par son enthousiasme et son engagement dans le projet mais il ne parvint pas à convaincre l'influent écrivain John Gibson Lockhart d'éditer son journal. Après cela, l'influence de Disraeli sur Murray diminua et il fut, à son grand regret, écarté de la rédaction du périodique35. La publication du journal ne dura que six mois en partie du fait de l'éclatement de la bulle spéculative à la fin de l'année 1825 et parce que, selon Blake, il était « atrocement édité » et aurait échoué tôt ou tard36.
L'éclatement de la bulle ruina Disraeli et en juin 1825, ses associés et lui avaient perdu 7 000 £ (environ 574 000 £ de 201115) ; Disraeli ne remboursa complètement sa dette qu'en 184937. Il revint alors à l'écriture pour essayer d'obtenir de l'argent et pour prendre sa revanche sur Murray et ceux qui, selon lui, l'avaient abandonné38. À cette époque, le genre littéraire en vogue était la silver-fork fiction (« fiction de la cuillère en argent ») mettant en scène la vie de l'aristocratie dans des romans généralement rédigés anonymement et destinés aux classes moyennes39,38. En 1826 et 1827, Disraeli publia anonymement les quatre volumes de son premier roman Vivian Grey qui se basait largement sur l'échec du Representative40. Les ventes furent satisfaisantes mais l'œuvre fit scandale dans les cercles littéraires quand l'identité de son auteur fut découverte40. Les nombreux solécismes démontraient que Disraeli, alors âgé de seulement 23 ans, n'évoluait pas dans la haute-société et les critiques furent sévères. De plus, Murray et Lockhart, qui disposaient d'une grande influence dans les cercles littéraires, estimèrent qu'ils avaient été caricaturés et trompés ; ces accusations furent rejetées par l'auteur mais reprises par beaucoup de ses biographes41,42,43,44,45. Dans les éditions ultérieures, Disraeli apporta de nombreuses modifications au texte pour adoucir la satire mais sa réputation en fut longuement ternie37.
Le biographe Jonathan Parry avance que l'échec financier et les critiques à son encontre affectèrent fortement Disraeli et il souffrit d'une grave crise nerveuse pendant près de quatre ans : « Il avait toujours été lunatique, sensible et solitaire par nature, mais il devint alors profondément déprimé et léthargique37 ». Il vivait encore avec ses parents à Londres mais les médecins lui recommandèrent de changer d'air et il occupa plusieurs maisons à la campagne et sur la côte46.
Années 1830[modifier | modifier le code]
En novembre 1821, peu avant son 17e anniversaire, Disraeli fut embauché comme apprenti dans un cabinet d'avocat de la cité de Londres21. L'un de ses directeurs, T. F. Maples était non seulement son premier employeur et un ami de son père mais il faillit également devenir son beau-père22,23. Une amitié se développa entre Benjamin et la fille de Maples mais cela n'alla pas plus loin. Les affaires du cabinet étaient fructueuses et le biographe R. W. Davis note que le travail était « le type de fonction stable et respectable dont beaucoup de pères rêvaient pour leurs enfants21 ». Même si ses biographes comme Robert Blake et Sarah Bradford avancent que ce poste était incompatible avec la nature ambitieuse et romantique de Disraeli, il donna satisfaction à ses employeurs et indiqua par la suite qu'il avait beaucoup appris en travaillant dans le cabinet24,23.
Environ un an après avoir rejoint le cabinet de Maples, Benjamin changea son nom de D'Israeli à Disraeli. Ses raisons sont inconnues mais son biographe Bernard Glassman suggère que cela était destiné à éviter toute confusion avec son père25. Les frères et sœurs de Disraeli adoptèrent cette nouvelle version tandis que leurs parents conservèrent l'ancienne25,n 4.
Disraeli visita la Belgique et la vallée du Rhin avec son père à l'été 1824 ; il écrivit plus tard que ce fut le long du Rhin qu'il décida de démissionner29. À son retour en Angleterre, il quitta le cabinet pour, sur les conseils de Maples, devenir barrister. Il s'inscrivit au Lincoln's Inn et rejoignit le cabinet de son oncle, Nathaniel Basevy, puis celui de Benjamin Austen, qui persuada Isaac que Disraeli ne réussirait pas dans cette voie et qu'il devrait être autorisé à mener une carrière littéraire30. Il avait en effet déjà soumis un manuscrit à un ami de son père, l'éditeur John Murray, mais l'avait retiré avant que ce dernier n'ait décidé de le publier ou non31. Après avoir quitté le droit, Disraeli écrivit quelques textes pour Murray mais se concentra sur des activités de spéculation à la bourse32.
En raison de la fin de la domination espagnole en Amérique du Sud, les compagnies minières étaient en pleine expansion et émettaient de nombreuses actions. Sans fonds propres, Disraeli emprunta de l'argent pour investir. Il se rapprocha du financier John Diston Powles qui était l'un de ceux encourageant le boom minier. Durant l'année 1824, Disraeli rédigea trois pamphlets anonymes faisant la promotion des sociétés minières pour le compte de Powles33. Les articles furent publiés par John Murray qui avait beaucoup investi dans le secteur34,32.
Murray avait un temps envisager de créer un nouveau journal du matin pour rivaliser avec The Times35 et en 1825, Disraeli le convainquit de se lancer. La nouvelle publication, The Representative, fit la promotion des compagnies minières et des hommes politiques qui les soutenaient comme George Canning. Disraeli impressionna Murray par son enthousiasme et son engagement dans le projet mais il ne parvint pas à convaincre l'influent écrivain John Gibson Lockhart d'éditer son journal. Après cela, l'influence de Disraeli sur Murray diminua et il fut, à son grand regret, écarté de la rédaction du périodique35. La publication du journal ne dura que six mois en partie du fait de l'éclatement de la bulle spéculative à la fin de l'année 1825 et parce que, selon Blake, il était « atrocement édité » et aurait échoué tôt ou tard36.
L'éclatement de la bulle ruina Disraeli et en juin 1825, ses associés et lui avaient perdu 7 000 £ (environ 574 000 £ de 201115) ; Disraeli ne remboursa complètement sa dette qu'en 184937. Il revint alors à l'écriture pour essayer d'obtenir de l'argent et pour prendre sa revanche sur Murray et ceux qui, selon lui, l'avaient abandonné38. À cette époque, le genre littéraire en vogue était la silver-fork fiction (« fiction de la cuillère en argent ») mettant en scène la vie de l'aristocratie dans des romans généralement rédigés anonymement et destinés aux classes moyennes39,38. En 1826 et 1827, Disraeli publia anonymement les quatre volumes de son premier roman Vivian Grey qui se basait largement sur l'échec du Representative40. Les ventes furent satisfaisantes mais l'œuvre fit scandale dans les cercles littéraires quand l'identité de son auteur fut découverte40. Les nombreux solécismes démontraient que Disraeli, alors âgé de seulement 23 ans, n'évoluait pas dans la haute-société et les critiques furent sévères. De plus, Murray et Lockhart, qui disposaient d'une grande influence dans les cercles littéraires, estimèrent qu'ils avaient été caricaturés et trompés ; ces accusations furent rejetées par l'auteur mais reprises par beaucoup de ses biographes41,42,43,44,45. Dans les éditions ultérieures, Disraeli apporta de nombreuses modifications au texte pour adoucir la satire mais sa réputation en fut longuement ternie37.
Le biographe Jonathan Parry avance que l'échec financier et les critiques à son encontre affectèrent fortement Disraeli et il souffrit d'une grave crise nerveuse pendant près de quatre ans : « Il avait toujours été lunatique, sensible et solitaire par nature, mais il devint alors profondément déprimé et léthargique37 ». Il vivait encore avec ses parents à Londres mais les médecins lui recommandèrent de changer d'air et il occupa plusieurs maisons à la campagne et sur la côte46.
Années 1830[modifier | modifier le code]
en 1770. Cependant, jusqu'en 1858, les députés devaient prêter un serment d'allégeance à la « véritable foi chrétienne » ce qui imposait au minimum une conversion de forme17. On ne sait pas si Disraeli a
Né à Londres dans une famille juive, Disraeli fut élevé dans la foi anglicane car son père était en conflit avec sa synagogue. Il entama une carrière d'avocat mais se tourna vers la politique dans les années 1830 et il fut élu à la chambre des Communes comme député de Maidstone en 1837. Lorsque les conservateurs prirent le pouvoir en 1841, Disraeli n'intégra pas le gouvernement du premier ministre Robert Peel. Cinq ans plus tard, Peel divisa le parti en demandant l'abrogation des Corn Laws qui limitaient les importations de céréales et il fut violemment attaqué par Disraeli. Peu de notables conservateurs rompirent avec Peel et Disraeli devint une figure importante du parti même si beaucoup se méfiaient de lui. Il fut trois fois chancelier de l'Échiquier et leader de la chambre des Communes au sein des cabinets de Lord Derby dans les années 1850 et 1860. Il développa à cette période une forte rivalité avec le libéral William Ewart Gladstone.
Lorsque Derby démissionna pour des raisons de santé en février 1868, Disraeli devint premier ministre mais perdit les élections à la fin de l'année. Il représenta alors l'Opposition avant de mener son parti à la victoire en 1874. Il développa une forte amitié avec la reine Victoria qui le fit comte de Beaconsfield en 1876. Le second mandat de Disraeli fut dominé par la Question d'Orient désignant le déclin de l'Empire ottoman et les actions des autres pays européens, notamment la Russie, pour en profiter. Il poussa ainsi les intérêts britanniques à prendre des parts dans la compagnie du canal de Suez en Égypte ottomane. En 1878, devant les victoires russes contre les Ottomans, Disraeli mena la délégation britannique au congrès de Berlin et négocia des termes favorables au Royaume-Uni.
Même si Disraeli fut félicité pour ses actions à Berlin, d'autres événements affectèrent le soutien à son gouvernement. Les guerres en Afghanistan et en Afrique du Sud furent critiquées et il irrita les agriculteurs britanniques en refusant de rétablir les Corn Laws. Gladstone mena une campagne efficace et le parti libéral remporta les élections de 1880. Disraeli avait écrit plusieurs romans depuis 1826 et il publia sa dernière œuvre, Endymion, peu avant sa mort à l'âge de 76 ans.
Benjamin Disraeli est né le 21 décembre 1804 dans le quartier londonien de Bloomsbury. Il était le second enfant et le premier fils d'Isaac D'Israeli, un historien et critique littéraire, et de Maria (Miriam) née Basevi1. La famille descendait de marchands italiens séfarades et tous les grands-parents et arrière-grands-parents de Benjamin étaient nés en Italie ; le père d'Isaac, également prénommé Benjamin, quitta Venise en 1748 pour s'installer en Angleterre2. Disraeli romança par la suite ses origines en avançant que la famille de son père était issue de l'aristocratie espagnole ou vénitienne ; en réalité, il n'y avait aucun noble dans la famille d'Isaac3 mais du côté de sa mère, auquel il ne s'intéressa pas, il possédait plusieurs illustres aïeuls4n 1. Les historiens sont partagés sur les motivations de Disraeli pour récrire son histoire familiale ; Bernard Glassman avance que cela était destiné lui donner un statut comparable celui de l'élite dominante anglaise5 tandis que Sarah Bradford suppose que « son aversion de l'ordinaire ne lui permettait pas d'accepter le fait que sa naissance soit aussi banale qu'elle était en réalité6 ».
Benjamin Disraeli avait une sœur aînée Sarah (1802-1859) et trois frères cadets Naphtali (né et mort en 1807), Raphael (1809-1898) et Jacobus (1813-1868). Il était proche de sa sœur et plus distant avec ses frères7. On sait peu de choses sur son éducation8. À l'âge de six ans, il fut scolarisé dans une dame school à Islington que l'un de ses biographes décrivit comme « un excellent établissement pour l'époque9,n 2 ». Environ deux ans plus tard, il fut envoyé à l'école du révérend John Potticary à Blackheath14. C'est à cette époque que son père renonça au judaïsme et ses quatre enfants furent baptisés dans la foi anglicane en juillet et août 18178.
Isaac D'Israeli n'avait jamais accordé un grand intérêt à la religion mais il était resté membre de la synagogue de Bevis Marks (en)3. Son père en était un membre influent et c'est probablement par respect pour lui qu'Isaac ne la quitta pas lorsqu'il se disputa avec les autorités du lieu en 1813n 3. Après la mort de son père en 1816, Isaac décida de quitter la congrégation après une nouvelle dispute8. Son ami et avocat, Sharon Turner, le convainquit que s'il lui était possible de n'être rattaché à aucune religion, cela serait préjudiciable à ses enfants s'ils faisaient de même. Turner fut ainsi le parrain de Benjamin lors de son baptême à l'âge de 12 ans le 31 juillet 181716.
Sa conversion au christianisme permit à Disraeli d'envisager une carrière en politique. La société britannique du début du xixe siècle n'était pas particulièrement antisémite et plusieurs juifs avaient été députés depuis Sampson Eardley en 1770. Cependant, jusqu'en 1858, les députés devaient prêter un serment d'allégeance à la « véritable foi chrétienne » ce qui imposait au minimum une conversion de forme17. On ne sait pas si Disraeli avait déjà des ambitions politiques au moment de son baptême mais il est certain qu'il regretta amèrement la décision de ses parents de ne pas l'envoyer au Winchester College18. Il s'agissait de l'une des plus prestigieuses public schools d'Angleterre qui formait une partie de l'élite politique19. Ses deux frères cadets y furent scolarisés et on ignore précisément pourquoi Isaac décida d'envoyer son fils aîné dans une institution bien moins cotée20. Il intégra ainsi une école de Walthamstow à l'automne
En novembre 1821, peu avant son 17e anniversaire, Disraeli fut embauché comme apprenti dans un cabinet d'avocat de la cité de Londres21. L'un de ses directeurs, T. F. Maples était non seulement son premier employeur et un ami de son père mais il faillit également devenir son beau-père22,23. Une amitié se développa entre Benjamin et la fille de Maples mais cela n'alla pas plus loin. Les affaires du cabinet étaient fructueuses et le biographe R. W. Davis note que le travail était « le type de fonction stable et respectable dont beaucoup de pères rêvaient pour leurs enfants21 ». Même si ses biographes comme Robert Blake et Sarah Bradford avancent que ce poste était incompatible avec la nature ambitieuse et romantique de Disraeli, il donna satisfaction à ses employeurs et indiqua par la suite qu'il avait beaucoup appris en travaillant dans le cabinet24,23.
Environ un an après avoir rejoint le
Lorsque Derby démissionna pour des raisons de santé en février 1868, Disraeli devint premier ministre mais perdit les élections à la fin de l'année. Il représenta alors l'Opposition avant de mener son parti à la victoire en 1874. Il développa une forte amitié avec la reine Victoria qui le fit comte de Beaconsfield en 1876. Le second mandat de Disraeli fut dominé par la Question d'Orient désignant le déclin de l'Empire ottoman et les actions des autres pays européens, notamment la Russie, pour en profiter. Il poussa ainsi les intérêts britanniques à prendre des parts dans la compagnie du canal de Suez en Égypte ottomane. En 1878, devant les victoires russes contre les Ottomans, Disraeli mena la délégation britannique au congrès de Berlin et négocia des termes favorables au Royaume-Uni.
Même si Disraeli fut félicité pour ses actions à Berlin, d'autres événements affectèrent le soutien à son gouvernement. Les guerres en Afghanistan et en Afrique du Sud furent critiquées et il irrita les agriculteurs britanniques en refusant de rétablir les Corn Laws. Gladstone mena une campagne efficace et le parti libéral remporta les élections de 1880. Disraeli avait écrit plusieurs romans depuis 1826 et il publia sa dernière œuvre, Endymion, peu avant sa mort à l'âge de 76 ans.
Benjamin Disraeli est né le 21 décembre 1804 dans le quartier londonien de Bloomsbury. Il était le second enfant et le premier fils d'Isaac D'Israeli, un historien et critique littéraire, et de Maria (Miriam) née Basevi1. La famille descendait de marchands italiens séfarades et tous les grands-parents et arrière-grands-parents de Benjamin étaient nés en Italie ; le père d'Isaac, également prénommé Benjamin, quitta Venise en 1748 pour s'installer en Angleterre2. Disraeli romança par la suite ses origines en avançant que la famille de son père était issue de l'aristocratie espagnole ou vénitienne ; en réalité, il n'y avait aucun noble dans la famille d'Isaac3 mais du côté de sa mère, auquel il ne s'intéressa pas, il possédait plusieurs illustres aïeuls4n 1. Les historiens sont partagés sur les motivations de Disraeli pour récrire son histoire familiale ; Bernard Glassman avance que cela était destiné lui donner un statut comparable celui de l'élite dominante anglaise5 tandis que Sarah Bradford suppose que « son aversion de l'ordinaire ne lui permettait pas d'accepter le fait que sa naissance soit aussi banale qu'elle était en réalité6 ».
Benjamin Disraeli avait une sœur aînée Sarah (1802-1859) et trois frères cadets Naphtali (né et mort en 1807), Raphael (1809-1898) et Jacobus (1813-1868). Il était proche de sa sœur et plus distant avec ses frères7. On sait peu de choses sur son éducation8. À l'âge de six ans, il fut scolarisé dans une dame school à Islington que l'un de ses biographes décrivit comme « un excellent établissement pour l'époque9,n 2 ». Environ deux ans plus tard, il fut envoyé à l'école du révérend John Potticary à Blackheath14. C'est à cette époque que son père renonça au judaïsme et ses quatre enfants furent baptisés dans la foi anglicane en juillet et août 18178.
Isaac D'Israeli n'avait jamais accordé un grand intérêt à la religion mais il était resté membre de la synagogue de Bevis Marks (en)3. Son père en était un membre influent et c'est probablement par respect pour lui qu'Isaac ne la quitta pas lorsqu'il se disputa avec les autorités du lieu en 1813n 3. Après la mort de son père en 1816, Isaac décida de quitter la congrégation après une nouvelle dispute8. Son ami et avocat, Sharon Turner, le convainquit que s'il lui était possible de n'être rattaché à aucune religion, cela serait préjudiciable à ses enfants s'ils faisaient de même. Turner fut ainsi le parrain de Benjamin lors de son baptême à l'âge de 12 ans le 31 juillet 181716.
Sa conversion au christianisme permit à Disraeli d'envisager une carrière en politique. La société britannique du début du xixe siècle n'était pas particulièrement antisémite et plusieurs juifs avaient été députés depuis Sampson Eardley en 1770. Cependant, jusqu'en 1858, les députés devaient prêter un serment d'allégeance à la « véritable foi chrétienne » ce qui imposait au minimum une conversion de forme17. On ne sait pas si Disraeli avait déjà des ambitions politiques au moment de son baptême mais il est certain qu'il regretta amèrement la décision de ses parents de ne pas l'envoyer au Winchester College18. Il s'agissait de l'une des plus prestigieuses public schools d'Angleterre qui formait une partie de l'élite politique19. Ses deux frères cadets y furent scolarisés et on ignore précisément pourquoi Isaac décida d'envoyer son fils aîné dans une institution bien moins cotée20. Il intégra ainsi une école de Walthamstow à l'automne
En novembre 1821, peu avant son 17e anniversaire, Disraeli fut embauché comme apprenti dans un cabinet d'avocat de la cité de Londres21. L'un de ses directeurs, T. F. Maples était non seulement son premier employeur et un ami de son père mais il faillit également devenir son beau-père22,23. Une amitié se développa entre Benjamin et la fille de Maples mais cela n'alla pas plus loin. Les affaires du cabinet étaient fructueuses et le biographe R. W. Davis note que le travail était « le type de fonction stable et respectable dont beaucoup de pères rêvaient pour leurs enfants21 ». Même si ses biographes comme Robert Blake et Sarah Bradford avancent que ce poste était incompatible avec la nature ambitieuse et romantique de Disraeli, il donna satisfaction à ses employeurs et indiqua par la suite qu'il avait beaucoup appris en travaillant dans le cabinet24,23.
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